Le stagiaire empêcheur de travailler en rond

Parce que ça peut tous nous arriver…
Il y a une semaine, j’avais passé mon week-end à appréhender mon début de semaine étant complètement « Aware » sur le rush qui nous guettait au boulot. 
7h30, lundi… je m’extirpe tant bien que mal de mon lit et me prépare mollement avec cette non motivation visuellement explicitée par mon choix de look du jour « gros pull cocooning ». Quand faut y’aller hein… trop tard j’y suis, va falloir bosser.

Quelques minutes après mon rituel pré-concentration « msn-yahoo mail- deezer »quelle ne fût pas ma surprise de voir débarquer un humain d’1m20 affublé d’un sac à dos accompagné d’un autre humain plus grand. C’est pour quoi? ^o) … mouais, ça doit être un entrepreneur avec qui on bosse qui doit garder son fils aujourd’hui et qui donc se ballade avec. Je replonge dans mon écran décidée à m’obliger à carburer toute la journée parce que je suis grave à la bourre dans mon taff quand une phrase toute conne m’en sors brutalement quelques secondes après : « c’est Kenny, il va faire un stage avec nous cette semaine » …. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!?!? …Sourire, « bonjour, bienvenue »… et consternation intérieure. Bah voyons, ça tombe au poil, on a juste un méga projet à rendre dans 2 jours et puis connaissant mon boss, c’est pas lui qui va le coacher le gamin. Bref, moi j’ai pas que ça à faire…

Je me mets à bosser quand je vois débarquer une table qu’on place à angle droit de la mienne… comme si on avait trop de place pour circuler. Le garçon s’y place. Il est en 3ème et fait son stage « d’observation » d’entreprise.
Manque de bol, il le prend visiblement à coeur : j’ai l’impression d’être épiée avec vue directe sur mon écran et mes possibles errances internet. Grrr, ça perturbe ma concentration d’autant qu’il ne fait rien qu’observer. Cette non-activité commence à me taper sur les nerfs!!! pourquoi moi et pourquoi aujourd’hui?!?
Quelques temps après le jeune homme, sans acné adolescente mais affublé de cette si « dure à vivre quand maman vous laisse pas la raser » moustache naissante, s’est enfin décidé à s’occuper sauf que ce n’est pas une bonne nouvelle. Il dessine et je réalise alors que dessiner à cet âge là ça veut encore dire gommer. Visiblement, il a mega foiré son dessin puisque le gommage intempestif commence plus à ressembler à un tremblement de terre avec répliques à gogo.
En plus du gommage, je découvre une autre activité très appréciée par ces spécimens : le « gigotage« . Sans même le regarder, je perçois un mouvement qui une nouvelle fois me distrait et ça c’est pas cool, bah oui j’ai du mal à me concentrer alors faut pas m’embêter .

Mais non je ne suis pas cruelle, ni méchante, j’ai juste du mal à bosser, plein de boulot et je suis désolée pour ce garçon de ne pas pouvoir lui expliquer tout plein de choses tout de suite, d’ailleurs je lui dis que je serai dispo dès mercredi après-midi pour répondre à toutes ses questions.
Lui ça n’a pas l’air de le perturber qu’on ne s’occupe pas de lui puisqu’il « dessine« . Ok, qu’il dessine mais qu’il me rende mon magazine!!!! Parce que oui, ce gommeur-gigoteur est aussi piqueur de support de boulot. En pleine quête d’inspiration, je vois dans ma vue périphérique un bras s’étirer vers mon bureau et mon magazine d’archi glisser vers son bureau sans même un « je peux? ». Re-Grrr, bon je vais lui laisser j’ai pas envie de parler là mais il aurait pu demander, y’en a qui essaie de bosser! Il a fini par me le rendre, c’est gentil, ouvert à la bonne page, c’est encore plus gentil, mais il a aussi essayé de me le reprendre après la pause dèj et là par contre j’ai ouvert ma bouche en lui disant que j’en avais besoin, non mais!

Mercredi, le rush se termine. J’ai enfin le temps de souffler et donc de montrer à notre petit stagiaire les ficelles du métier. Bah oui, c’est mon côté mère poule malgré moi.
Lui veut être graphiste, alors je commence à lui expliquer 2, 3 trucs quand mes collègues se lèvent et me disent « nous, on va au salon machin truc, t’iras demain ». Hein? vous allez me laisser seule dans la même pièce qu’un enfant?!? Bon, bah voilà me suis fait « eue ». Je continue les explications en bonne « éducatrice » que je suis. Evidemment au bout d’un moment, il se met sur le seul ordi à côté du mien, m’empêchant de blogger travailler en rond, pfff, fatalité…
Au bout d’un moment, je percute que demain, au salon machin truc, je vais y aller mais pas seule puisque il était censé y aller aussi « l’observateur« . Oh, non, pas du ado-sitting toute une après-midi!!! Re-pourquoi moi?

Jeudi. Quand j’arrive le photoshop-maniac est déjà installé sur l’ordi à côté du mien en train de retoucher une photo de Paris Hiton et Britney Spears à moitié à poil (oui je sais c’est redondant). « Tu veux pas bosser sur un truc d’archi? »… « Non »… ah. Pfff, il a une encore meilleure vue sur mon écran de là ou il est et ce jour là j’avais le temps de prendre mon temps si vous voyez ce que je veux dire.
L’heure de partir au salon arrive. Me voilà avec un mineur sous ma responsabilité. Mais euh, va falloir faire attention à pas le perdre, dur! Au salon, il me suit partout sans rechigner, c’est bien, mais il touche aussi à tout, et quand je dis tout c’est TOUT. J’ai bien cru qu’il allait faire tomber une énorme paume de douche à un moment… j’aurais fait comment moi…. alors au bout d’un moment je lui chuchotte des « touche pas« . Pff, éprouvant, même si j’ai réussi à la ramener à bon port (oui sain et sauf!).

Vendredi, dernier jour d’ado-sitting. Re-photoshopage à côté de moi, disposée à répondre à ces questions, bah oui il est gentil quand même ce gosse. En plus, il se débrouille bien en dessin et un peu grâce à moi il aura même une réalisation made-in lui à montrer à sa classe. L’après-midi, il est sur des tutoriaux, c’est encore moi qui lui ai expliqué ce que c’était.
Viens l’heure de son départ, je lui demande si il a bien tout rempli dans le questionnaire de son stage (moi à l’époque, j’avais un rapport de 20 pages à faire, là c’est que quelques lignes à remplir, trop facile). Et là il me montre une « évaluation du stagiaire » à remplir par le tuteur du stage. Evidemment, mon boss n’est pas là et puis de toute façon il n’a pas passé 1 min avec lui. Bon, bah on s’y colle. On coche les cases, on est un peu trop gentil (le jeune homme s’est quand même payé de belles vacances). Et viens le temps d’écrire un petit pamphlet, et qui c’est qui s’y colle? Bah moi, evidemment! Le gamin s’impatiente « maman l’attend », et là le naturel reviens au galop « pas d’insolence, garçon, tu aurais dû le présenter avant ton papier » Non mais! Oups, il fait la tête je crois. Bon bah au revoir quand même…