Le jour où le Cantal m’a fait un effet bœuf …
Ahhh, un nouveau moment blogo-extraordinaire…
Il y a quelques semaines de ça nous avons reçu une invitation pour un w-e dans le Cantal. J’avoue, je lis mes mails en diagonale – j’ai donc très honnêtement retenu « week-end découverte » « Cantal » « montgolfière » et vaguement saisi une histoire 2 nature avec un tour à la ferme.
La sale petite citadine pressée que je suis a vu dans cette proposition un bol d’air bienvenu, une bulle de nature comme elle aime (parce que oui elle aime la nature, sans forcément la connaître mais elle l’aime) et une nouvelle découverte et ça aussi elle adore ça. J’ai donc accepté avec plaisir et beaucoup de superficialité cette virée pour une jolie contrée.
Si je m’attendais à découvrir un coin de France qui m’étais encore inconnu – au point de ne pas savoir que le Cantal était en Auvergne (bah quoi, c’est qu’ils sont loin les cours de géo), je ne m’attendais pas ce que j’y ai trouvé.
En à peine quelques heures, sans compter le train corail et les kilomètres de joyeux mini-bus pour rejoindre cette terre du milieu loin de tout, j’ai découvert une région merveilleuse, des gens fabuleux, un message plus que précieux et un nouvel éveil de ma conscience.
C’est fou comme c’est difficile de raconter tout ça, ce n’était pas un w-e découverte mais bel et bien un w-e émotion. Conclusion, j’vous préviens, ça va être long :p.
Si le trajet aller en train n’a été que futilité et autres joyeusetés, il était temps une fois un pied à Clermont-Ferrand de commencer à creuser le sujet. Michelin, Volvic et Vulcania se sont vite éclipsés du cœur de la conversation pour laisser la place à une discussion écolo assez pointue menée par Mr Julien EkoloGeek qui est visiblement très informé sur ce thème.
Me voici face à un de ces discours militant écolo qui m’a toujours rebuté, des propos complexes me présentant de manière peut-être trop brutale des choses et ne me donnant donc pas envie de les entendre où les comprendre (avec tout mon respect, cher Julien, pour ces convictions). Entre ça et la mode de l’écolo-marketing par lequel les médias ne cessent de nous harceler, le sujet vert me broute – hum pardon. Trop d’agressivité ne me donne pas envie de sortir de ma bulle de citadine loin de toutes ces préoccupations.
Quelques heures plus tard, nous voici arrivés à notre hôtel à Salers (prononcer « salaire ») prêts à se gaver des spécialités de la région. Je ne m’attendais pas à rencontrer à cette heure tardive ceux qui nous avaient sollicité, d’autant qu’a priori je n’en avais pas vraiment envie.
En effet me voici face à des représentants d’Interbev, l’association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes. Ahum, j’y connais rien – mais le peu que ça m’évoque est une espèce de vague image de journal télé de gens énervés, pas du tout mon truc, pas du tout sexy.
Mais je tends malgré tout mon oreille, et si je ne pige pas tout ce qu’on me raconte, je suis forcée de constater que ces gens sont non seulement loin d’être des énervés mais surtout plus que sympathiques. Pourtant c’est bien les mêmes que ceux que m’a mal présenté le journal télé, ou en tout cas eux aussi doivent jouer des coudes pour être entendus.
J’ai bien envie de les écouter, particulièrement l’un d’entre eux qui a l’œil qui pétille quand il nous parle de son métier – éleveur de bovins. L’histoire raconte que ce n’est que le lendemain que j’exaucerai ce souhait.
En attendant, le programme du dimanche se précise avec malheureusement l’annulation du survol en montgolfière de la région pour cause de vent (50Km/h, sachant qu’à partir de 10Km/h on est trainé sur 100m à l’atterrissage… ouais valait mieux pas). Encore en mode superficiel, je suis vaguement déçue – c’était un peu l’occasion, j’ai jamais fait et ça me disait drôlement bien. Mais la perspective d’une ballade en océan de verdure m’a consolée.
Le lendemain, réveil aux aurores – 6h30. Etant arrivés de nuit la veille, les routes de campagne n’étant pas éclairées du tout, je n’avais pas encore pris connaissance de la beauté de la région. Un pas hors de notre hôtel m’a suffit à me donner envie de photographier mentalement chaque paysage, tout est si beau.
Un bref tour à Salers nous fait découvrir une ville médiévale des plus belles – il va absolument falloir que j’y retourne plus longuement – mais surtout me donne l’occasion de voir pour la première fois ces merveilleux reliefs volcaniques, avec cette étrange sensation d’avoir envie de me jeter dans le vide pour les survoler – du deltaplane ou la fameuse montgolfière devra être au programme de mon prochain passage ^^.
Nous voilà partis pour bourlinguer pendant quelques heures sur les routes de ces massifs, nous arrêtant d’abord au Col de Neronne, près duquel il y a un sentier qui mène à des derniers burons traditionnels, le Buron d’Algour – le buron étant un bâtiment en pierre qui était utilisé comme lieu de vie, étable et lieu de fabrication du fromage lorsque le troupeau était sur les hauts pâturages en été.
Mené par un paysagiste qui nous explique le rôle de l’élevage dans le maintien des paysages et mon éleveur à l’oeil qui brille, et malgré l’heure fort matinale, le discours est passionnant!
L’équilibre construit à travers les siècles, ce qui a créé la typicité du paysage français qu’est l’alternance de prairies, de haies, de forêts est menacé. Les éleveurs luttent pour continuer à exister, moins d’éleveurs c’est moins de troupeaux, moins de troupeaux c’est moins de prairie, la forêt reprenant rapidement du terrain, les villages deviennent de plus en plus isolés, le tourisme n’en est pas facilité, l’économie est mise à mal et c’est ainsi le risque de voir disparaître ces villages – et avec eux une histoire, une tradition, une culture, une identité, un esprit.
Après un passage au Col du Pas de Peyrol culminant à 1589m (qui m’a fortement donné envie d’aller faire une randonnée à partir de son sentier mystérieux), nous voilà à la ferme de Méjensac à l’endroit où a été shootée la campagne Le bœuf, bon par nature que vous aviez peut-être vous aussi remarqué cet été dans nos rues des villes.
(à gauche c’est la vraie éleveuse du domaine, huhu, même qu’on l’a vue et tout)
Derrière cette campagne, Interbev et surement aussi le CIV (Centre d’Information des Viandes) essaient de redorer l’image de la viande et de l’élevage français accusé de mille maux. Les flatulences des vaches seraient mauvaises pour l’effet de serre, et puis la vache folle et cette espèce de mode anti viande rouge voire végétarienne n’a pas fait de bien au monde de l’élevage.
Et si il existe en effet des impacts négatifs (comme toute activité peut en avoir – un peu plus et on va nous empêcher de respirer parce qu’on rejette du CO2 :p) il y a aussi des impacts positifs de l’élevage d’herbivore sur l’environnement, l’économie et le social. Et particulièrement en France, où les exploitations sont familiales (loin de l’élevage intensif de l’Amérique du sud par exemple) et dans le cas du Cantal, particulièrement adaptées à la valorisation (mise en valeur/usage/rentabilité) de cette terre herbagère où toute culture est impensable puisque le sol rocailleux ne peut être labouré.
Le problème n’est pas simple, je n’en détiens surement pas toutes les clés.
Ce que je sais en revanche c’est que cette visite en bonne compagnie m’a fait prendre conscience de mon envie profonde de préserver le futur d’une France défigurée comme le chantait Dutronc, de faire perdurer ces paysages variés de cultures, haies et prairies qui sont en plus favorables à la biodiversité.
Ces quelques heures ont ainsi éveillé ma conscience de consommatrice responsable – mieux vaut tard que jamais. Désormais je regarde l’étiquette de la viande que j’achète – amusant, elle vient de Salers ^^. Et puis j’ai envie d’acheter de meilleurs produits, peu à peu organiser ma vie de citadine pressée pour arriver à y caser un tour au marché par exemple.
trop fière de certaines de nos photos ^^
Sans vouloir convaincre qui que ce soit, je m’étale ici certes pour garder le souvenir de ce w-e riche en découvertes mais aussi pour éventuellement réussir moi aussi à commencer à faire réfléchir, se poser des questions, creuser toutes les infos sur les sites pré-cités et vous faire votre propre idée.
Mais revenons aux jolis souvenirs, futilement ravissants.
Nous étions donc tous, LUI, Julien, Garko, Manou, Pingoo, Sophie, The Green Geekette, Shalima, Isabelle, Galliane (qui vit dans le coin et sur qui je compte pour me faire un programme d’enfer à ma prochaine visite) et Clyne (qui a eu la bonne idée de nous convier – merci !!), dans ce pré immense, lookés comme autant de Super Mario Pré, à admirer ces merveilleuses forces de la nature, belles et racées. On a même aidé à planter des piquets pour les faire paître dans une nouvelle zone toute fraîche – j’avais jamais vu une vache courir ^^.
La lumière était merveilleuse, et les sujets superbes – j’avais jamais réalisé à quel point j’aimais regarder les vaches, peut-être mon côté Taureau :p. Inutile de dire que notre appareil photo n’était pas au repos, tout est là si ça vous dit de voyager photographiquement en attendant d’y aller pour de bon ce que je vous conseille fortement :p.
Le temps de déguster un bout de Cantal tout frais, et de réaliser qu’il a été fait par cet éleveur précisément – c’est bête mais quand on l’achète au supermarché, on ne pense pas à comment c’est arrivé là – était aussi un moment fort aussi simple fut-il.
Déjà l’heure de repartir sur les routes, de contempler ces paysages de carte postale, pour arriver à un Concours Bovin. Ils peuvent être fiers ces agriculteurs, leurs bêtes sont superbes, tellement belles qu’on pourrait croire qu’elles sont maquillées et prennent la pose :p.
Bien qu’enchantés par l’accueil une nouvelle fois plus que chaleureux de tous les participants au Concours – même pas effrayés par notre look de Vis ma vie à la ferme – nous avons dû filer sans prendre l’apéro en direction de notre étape finale, un buron de plus de 500ans transformé en restaurant, le Buron de la Combe de la Saure.
L’occasion de se régaler avec de la Truffade (mon dieu j’aurais TOUT mangé) et une viande à tomber (dans ces cas là faut juste un peu oublier qu’elle vient d’une des adorables bestioles qu’on trouve si belle mais bon, c’est tellement boooon), mais aussi l’occasion pour moi d’enfin discuter réellement avec mon coup de cœur du week-end, cet éleveur qui a l’air si animé par son métier et qui s’avère s’appeler Jean-Marie.
Je ne m’étais pas trompée, Jean-Marie est une personne formidable. Mon voisin de table me raconte sa vie au quotidien, répond à mes questions un peu légères de parisienne qui essaie de mieux appréhender un monde qu’elle ne connait pas.
Les horaires bien loin des 35h, les vacances qu’il n’a même pas envie de prendre tant son cœur bat pour son métier. Il n’ose pas dire qu’il est passionné et pourtant c’est bien le cas, c’est une vocation, une profession de foi à mes yeux même. Il me raconte qu’il se sent responsable de l’avenir, qu’il doit tout faire pour que le futur soit encore témoin de cette beauté. Jean-Marie parle tellement bien, et si il vit depuis toujours dans ce monde rural il n’en est pas moins tellement ouvert aux autres modes de vie. J’vous l’dis, une vraie belle rencontre!
Je n’ai qu’une envie, revenir un jour et aider jean-Marie ou un autre de ces fantastiques éleveur à faire la transhumance ou quelques travaux à la ferme, oh oui ce serait bien – reprendre conscience de la force de la nature, du besoin de cette terre, de cet aspect primaire et essentiel auquel je n’avais jamais vraiment pensé auparavant dans ma vie de citadine.
Jean-Marie et son œil qui pétille
Jean-Marie nous a lancé « On a besoin de vous pour faire passer le message » au moment où nous avons malheureusement dû repartir, j’espère que je l’ai bien passé l’ami – et de mon côté je vais tout faire pour ne pas me laisser happer à nouveau par une vie trop éloignée de ces belles valeurs.
Juste MERCI…
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