Les ministres européens demandent une augmentation de la surveillance sur internet après les attaques de Paris
Et c’est reparti pour un tour. On accuse de nouveau internet d’être une plateforme qui abrite les contenus terroristes et racistes et les politiciens ne se privent pas pour appeler à une augmentation de la surveillance sur internet.
La censure et la surveillance pour défendre la liberté d’expression
Dans une déclaration conjointe, les ministres de l’intérieur de la justice de 12 pays incluant la France, l’Allemagne et l’Angleterre estiment qu’internet est souvent utilisé pour exprimer la haine et le contenu raciste et qu’on doit le réguler pour éviter les abus liés à la liberté sur le web.
Ces ministres demandent également aux FAI de s’associer avec le gouvernement pour signaler les contenus qui incitent à la haine et à la violence en les supprimant si c’est nécessaire. Une belle phrase qui indique le début de la censure.
Cette déclaration est une copie conforme de celle du gouvernement britannique de l’année dernière. On avait demandé aux FAI de signaler tous les contenus de haine et ensuite, la loi a été étendue aux contenus sexuels et pornographiques. De même, le gouvernement britannique avait introduit la mesure de la correspondance de l’adresse IP qui permet de mieux identifier les individus qui publient ou consomment des contenus incitant à la haine.
Les ministres européens ne donnent aucun détail technique sur cette surveillance de masse, mais ils appellent à une coopération de toutes les agences de renseignement pour contrôler les voyages en Europe et la circulation des armes. Enfin, cette déclaration indique aussi qu’il faut lancer une contre-propagande pour réduire les discours fondamentalistes et leur portée sur les jeunes qui sont des cibles faciles.
Les politiciens ne comprennent rien à internet
On sent que cette attaque de Paris a crée une panique monstre chez les politiciens. Et comme ils n’ont pas de cibles réelles, alors il est normal qu’ils s’attaquent à internet parce cela permet de faire croire qu’ils font quelque chose. Certes, il existe des sites qui publient du contenu raciste et fondamentaliste, mais on ne doit pas oublier que le recrutement se fait par d’autres canaux. Par ailleurs, ces pays qui appellent à une augmentation de la surveillance devraient également regarder leur politique étrangère qui nuisent à d’autres pays, car cela crée un cercle vicieux de rancune et de haine. Ce type de surveillance revient à utiliser un bazooka pour tuer une mouche et le seul résultat sera une surveillance accrue des internautes tandis que les terroristes utiliseront d’autres canaux de communication.
David Cameron n’est pas en reste, car il a déclaré qu’on doit moderniser nos lois pour intercepter et supprimer le culte toxique de l’extrémisme islamique en proposant une meilleure interception des communications en Angleterre. Le plus intéressant est que l’Angleterre a tenté de voter ce type de mesure depuis plusieurs années sans aucun résultat. Cette fois, elle a l’occasion parfaite de faire passer la pilule. L’Angleterre est le pays qui a voté le plus de lois sur la surveillance sur internet. En 2013, le gouvernement britannique a critiqué Facebook après qu’un terroriste ait tué 2 soldats britanniques à Londres. Les autorités estimaient que Facebook ne surveillait pas suffisamment les contenus sur son réseau.
Le concept de la liberté d’expression universelle
On a coutume de dire que la liberté d’expression est universelle, mais la plupart des pays autorisent cette liberté dans le cadre de la loi. On a le droit de s’exprimer dans les limites de la loi. Et même si c’est un concept qui permet d’éviter les abus, cela permet aussi de modifier la liberté selon ses intérêts. Si on autorise une liberté dans le cadre de la loi, alors cela signifie qu’elle sera constamment influencé par la politique du pays. Et si le pays devient un état policier, alors cette liberté sera de moins en moins présente et il sera impossible de la critiquer, car elle est dans le cadre de la loi.
On peut combattre le terrorisme par plusieurs manières. Par exemple, on peut lancer des campagnes de sensibilisation pour que les jeunes ne soient plus tentés d’écouter les discours radicaux. Cela peut sembler peu, mais c’est toujours mieux que de surveiller tous les internautes, car cela implique qu’ils sont déjà coupables. Les internautes n’ont rien contre la surveillance si elle est ciblée sur les terroristes. Mais pour réussir ce ciblage, il faut comprendre leur mode de pensée et d’endoctrinement. Ce n’est pas en surveillant tout le monde qu’on va trouver les terroristes sinon ce sera déjà fait depuis longtemps.